Le dispositif MaPrimeRénov’ connaît une transformation majeure en 2024, avec une explosion des rénovations d’ampleur qui marque un tournant dans la politique de rénovation énergétique en France. Au troisième trimestre 2024, le bilan est encourageant mais contrasté : si les rénovations globales décollent, les objectifs ambitieux du gouvernement restent un défi de taille. Cette évolution soulève des questions cruciales pour les propriétaires désireux d’améliorer l’efficacité énergétique de leur logement.
Une envolée spectaculaire des rénovations d’ampleur
L’année 2024 s’annonce comme un millésime exceptionnel pour les rénovations énergétiques d’envergure. Avec 70 601 dossiers déposés depuis janvier, le dispositif MaPrimeRénov’ frôle déjà le total de l’année 2023, qui avait vu 71 000 dossiers traités. Cette progression fulgurante témoigne d’un changement de paradigme dans l’approche des Français vis-à-vis de la rénovation énergétique.
Cependant, malgré cette croissance impressionnante, l’objectif gouvernemental de 200 000 rénovations pour 2024 semble encore lointain. Cette situation soulève des interrogations sur la faisabilité des ambitions à long terme, notamment l’objectif de 400 000 logements rénovés annuellement d’ici 2030, fixé par la nouvelle stratégie nationale bas-carbone.
Pour les propriétaires, ces chiffres sont à la fois encourageants et source de réflexion. Ils démontrent une prise de conscience collective de l’importance de la rénovation énergétique, tout en soulignant les défis qui restent à relever pour atteindre une transformation massive du parc immobilier français.
MaPrimeRénov’ Parcours Accompagné : un succès pour les ménages modestes
L’une des réussites majeures de MaPrimeRénov’ en 2024 est sans conteste le volet Parcours Accompagné qui cible spécifiquement les foyers aux revenus modestes. Les chiffres parlent d’eux-mêmes:
– 59% des dossiers concernent des ménages très modestes ;
– 20% des dossiers sont déposés par des ménages modestes ;
– les subventions moyennes atteignent 41 000 € pour des travaux s’élevant à 53 400 €.
Cette répartition démontre l’efficacité du dispositif pour atteindre ceux qui en ont le plus besoin. Pour de nombreux propriétaires aux revenus limités, ces aides représentent une opportunité unique d’améliorer significativement la performance énergétique de leur logement.
Le montant moyen des subventions, couvrant près de 77% du coût total des travaux, illustre l’engagement fort de l’État dans la lutte contre la précarité énergétique. Pour les bénéficiaires, cela se traduit par un reste à charge considérablement réduit, rendant accessibles des rénovations qui auraient été hors de portée sans ce soutien.
Le paradoxe des rénovations par geste
Malgré les efforts déployés pour simplifier l’accès aux aides, les rénovations par geste connaissent un recul inattendu. Avec seulement 188 250 dossiers engagés, on observe une baisse de 40% par rapport à 2023. Ce chiffre est bien en deçà de l’objectif gouvernemental de 500 000 rénovations pour 2024.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette désaffection :
– des incertitudes réglementaires persistantes ;
– une perception de complexité accrue des démarches ;
– un possible effet d’attentisme face aux évolutions du dispositif.
Pour les propriétaires, ce ralentissement soulève des questions sur l’attractivité des rénovations par geste. Il pourrait être judicieux de s’interroger sur l’opportunité de privilégier une rénovation globale plutôt que des travaux isolés, notamment au vu des aides plus conséquentes accordées aux projets d’ampleur.